Le corps comme outil

L'outil de base est le corps : mouvement, posture, respiration, vibration.

Le corps est d'abord composé d'eau, à 65% même, selon le CNRS. Nous le savons, l'eau réagit aux vibrations.  Approchez une enceinte qui crache de la musique à fond près d'un bol d'eau, celle-ci vibrera. Faites tomber un cailloux dans l'eau, des ondes apparaitront. Et si plus rien ne vient perturber l'eau, elle est calme. Ainsi, l'eau qui est en nous réagit aux sons et aux mouvements. En Kundalini Yoga, nous utilisons donc l'écoute de musique, le chant et le mouvement, mais aussi l'immobilité.

Tout le monde connait maintenant les résultats  d'une étude japonaise dans les années 2000, qui bien que non reconnue en des termes scientifiques, sont tout de même stupéfiants : à conditions de conservation égales, le vieillissement du riz n'est pas le même selon qu'on lui parle de façon aimable ou haineuse. L'intention que nous mettons dans la pratique est neutre ou positive. Neutre quand il s'agit d'observer ce qui se passe en nous après un mouvement, positive lorsque nous devons tenir un mouvement ou une posture. Les musiques sont précautionneusement choisies en fonction de leurs sonorités et de leur message. Elles parlent toute d'amour, de grandeur, d'infini, ou autres notions qui régulent l'univers pour que, à l'image des grains de riz, nos molécules trouvent une certaine beauté d'ensemble. Il n'est pas nécessaire de connaitre la signification exacte des mantras ou des chants, d'autant que les traductions peuvent parfois paraître un peu loufoques, voire religieuses, ce qui peut freiner les plus athées d'entre nous. C'est l'expérience qui compte, et non les significations intellectuelles. Acceptez de les faire vibrer en vous, et alors vous déciderez si vous frôlez ou non quelque dogmatisme religieux.

Enfin, le souffle n'est-il pas le moteur des battements de notre coeur ? Nous utilisons beaucoup de types de respirations, qui ont toutes un rôle spécifique. La respiration du feu, rapide, par le nez ou la bouche, passant par le creux de la langue ou non ; la respiration profonde ; la rétention à vide ou plein qui suspend le système nerveux et rétablit le rythme ; l'alternance et la mesure des respirations.

Il ne faut pas oublier que ces pratiques sont extrêmement anciennes et que ceux qui en sont à l'origine ont passé leur vie à expérimenter tout ceci pour en déduire des protocoles. Ce n'est pas parce que c'est ancien que c'est désuet, ce n'est pas parce que c'est ancien que c'est la meilleure voie dans le monde d'aujourd'hui. Adaptons-nous  au KY traditionnel, et adaptons les traditions du  KY à notre époque ! C'est du moins ma façon de pratiquer et d'enseigner. Si vous cherchez quelque chose de très traditionnel, je peux vous orienter vers de belles personnes qui sauront répondre à cette attente.

Si vous ne deviez retenir qu'un outil utilisé par le Kundalini Yoga, c'est le système auto-sensoriel. Tout comme le travail sur un instrument de musique, nous travaillons sur nos perceptions sensorielles afin de trouver l'harmonie en soi et de vivre le sentiment d'alignement. D'abord, les yeux sont presque tout le temps fermés, ce qui crée un premier pas vers soi. Ensuite, les moments les plus importants sont ceux où nous nous concentrons sur les sensations que tel ou tel outil nous procure (mantra, mouvement, posture, respiration). Le but est de sentir, non pas de mentaliser (nous avons le jugement trop facile...). Pour éviter cet écueil, nous  focalisons notre attention sur des points précis de notre corps. Et c'est là que la magie de la méditation avec le Kundalini Yoga opère...

En bref, les outils sont d'une extrême simplicité, tout est à notre disposition en nous, mais ils demandent à la fois un effort et un lâcher prise pour les solliciter. C'est l'union, la méthode, la mise au repos.